Papa, c’est quoi le terrorisme?

Le géant de la grande tourCarl Norac expliquait en 2005 comment il avait choisi de parler du terrorisme aux enfants dans son album Le géant de la grande tour, publié chez Sarbacane (propos publiés dans la  revue Citrouille). Aujourd’hui cet album n’est plus édité mais DISPONIBLE et EMPRUNTABLE au CRILJ MP.

« Un jour, Ingrid Godon m’a montré quelques images qu’elle avait dessinée librement, sans y associer un texte. J’ai été frappé par l’une d’elles qui représentait un géant en haut d’une tour. J’ai gardé la copie de cette image plusieurs mois. Je la trouvais belle et j’y associais dans mon esprit l’évocation du 11 septembre 2001. C’était alors une idée en l’air, pas encore une histoire.

Plus tard, ma fille qui est en maternelle, est revenue de l’école en me demandant: «Papa, c’est quoi, le terrorisme?» J’ai été surpris par cette question posée par un enfant si jeune. Nous étions dans l’actualité de l’Irak, mais aussi des attentats de Madrid et des enfants avaient peur des images à la télévision. Ils ont questionné la maîtresse sur ce sujet.

Je me suis rendu compte que ce thème pouvait interroger des enfants très jeunes et qu’il n’existait quasiment pas de livres autour de cette thématique pour leur âge. J’ai repensé au dessin d’Ingrid et l’histoire s’est alors imposée à moi.
Comme le projet était de s’adresser aux jeunes enfants, j’ai choisi de traiter cette actualité persistante par le biais de la fable, de la métaphore. La terreur devient, dans l’album, une grosse pierre qui tombe sans prévenir, mais pas n’importe où.
Malgré cette distance, le réel de ce que vivent nombre de pays aujourd’hui est présent: cette violence est aveugle et destructrice, on n’en comprend pas souvent la motivation, la peur s’installe, l’avenir est imprévisible, etc. Tous ces éléments sont dans le récit. Si la présence d’un géant contribue à emmener le lecteur dans le domaine du conte, ce Thyl incarne néanmoins l’humanité, celle qui a peur, qui fuit, mais aussi celle qui résiste.
Je n’ai pas voulu d’un texte désespérant, et la fin affirme ce désir profond que le terrorisme soit vaincu, devienne moins fort que la volonté de vivre des hommes.»Propos de Carl Norac recueillis par Luc Battieuw, Centre de littérature de jeunesse (Bruxelles) – publié dans la revue Citrouille en 2005

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